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Be Influence: ça influence près de chez vous

Thomas Angerer et Boris Kaisin n’ont pas attendu la fin de leurs études de gestion à la Solvay Business School pour réinventer avec succès un concept pourtant tout neuf: celui d’influenceur sur les réseaux sociaux. A la clef: Be Influence.

Racontez-nous comment Be Influence a fait de vous des entrepreneurs alors que vous étiez encore étudiants.

Thomas Angerer et Boris Kaisin: Nous avons tous les deux terminé depuis peu des études de gestion à la Solvay Business School. L’aventure de Be Influence a commencé un peu par hasard: pour aider un ami commun, organisateur d’échanges entre étudiants, à trouver l’argent nécessaire à ses activités, nous avons réfléchi aux différents types de sponsoring possibles. La création de publications sur nos réseaux sociaux nous a semblé la meilleure solution.

B.K. : Nous n’avons rien inventé, des initiatives similaires existaient déjà et des marques rémunéraient même des titulaires de grosses communautés sur les réseaux sociaux pour qu’ils s’expriment à leur propos. Mais nous n’étions évidemment pas du tout dans cette optique. Thomas avait eu l’idée de nous mettre au service des associations, des ONG. Nous voulions permettre à tout un chacun de défendre auprès de ses contacts la cause ayant du sens pour lui. Au printemps 2017, nous avons donc décidé de nous lancer… en démarchant Médecins sans Frontières.

C’était assez culotté !

T.A : Et cela nous définit ! Beaucoup d’entrepreneurs décident de commencer petit. Nous, au contraire, avons d’emblée visé très très haut en partant du principe que seules les grosses structures pouvaient se permettre de prendre un pari sur nos services. Et cela a marché !

Medecin Sans Frontières (MSF) a décidé de nous allouer un petit budget pour tester notre concept en complément d’une de leurs campagnes mêlant publicité classique et digitale, et intervention d’une agence expérimentée en marketing d’influence ayant recours à de gros influenceurs. Nous avons réussi à fédérer cent étudiants de l’ULB. Chacun de ces ‘nano-influenceurs’ a créé et posté son propre texte, ses propres images en rapport avec notre client et ses objectifs. Ses amis ont liké, commenté, engagé une discussion. Nous ne savions pas trop quoi penser des chiffres dégagés par l’analyse des résultats. Le social media manager de MSF les a trouvés formidables. Donc nos services s’avéraient excellents et fonctionnaient de manière remarquable...

Cela nous a donné la confiance nécessaire pour nous attaquer à la Commission Européenne ! A l’été 2017, nous avons mené une campagne, elle aussi très réussie, dans six pays différents sur les attentes des jeunes pour l’Europe en 2030.

Qu’est-ce qui explique votre réussite ?

B.K. : La puissance du bouche à oreille ! Tout le monde sait depuis toujours combien son influence est forte. Toutes les sociétés rêvent d’en bénéficier.

T.A. : La plupart des agences utilisent des ‘influenceurs traditionnels’ ayant plusieurs dizaines, centaines de milliers, voire millions de followers et pour qui parler des marques, faire des publications sponsorisées est un métier. Leur capacité à toucher 500.000 personnes en une publication leur donne du pouvoir mais avec un engagement lié à cette publication très faible car un petit nombre seulement de leurs followers est intéressé par chacune de leurs publications. A force de multiplier les messages, ils finissent par déclencher la méfiance de leur communauté.

B.K. : Les membres de notre panel s’expriment principalement sur des sujets avec lesquels ils ont une affinité et s’adressent uniquement à leurs amis, leur famille, leurs proches. Leurs messages ne sont donc pas du tout perçus comme de la publicité, mais plutôt comme une recommandation. L’objectif de Be Influence est de créer une communauté aussi grande que possible et d’inciter ses membres à s’exprimer sur les projets, les marques, les ONG, les associations qu’ils aiment.

T.A. : Quant à nos clients, nous leur offrons quelque chose de vraiment inestimable: un accès direct à cette population des 16-30 ans qui est réputée difficile à toucher mais est omniprésente sur les réseaux sociaux. C’est notre génération, nos amis. Mettre des marques au cœur des discussions amicales crée pour elles un impact et une notoriété exceptionnelle sur le marché actuel. Nous touchons jusqu’ici la tranche 16-30 ans mais nous comptons élargir progressivement notre cible.

B.K.: C’est vraiment une nouvelle façon de faire vivre la marque ! Les gens de notre génération n’ont pas une bonne image de la publicité. Il faut donc trouver un moyen de communiquer autre que le matraquage de messages publicitaires en télé, radio, Internet, réseaux sociaux.

Comment a évolué la société Be Influence ?

T.A. : La Solvay Business School est évidemment un environnement propice au développement d’un tel projet. Après les campagnes réussies avec MSF et la Communauté Européenne, nous avons très rapidement décidé de cadrer l’existence de Be Influence. Dès juillet 2017 nous avons créé la sprl pour avoir une structure légale, se sentir responsables de notre projet.

B.K. : Ensuite, nous nous sommes accordé une année d’observation émaillée d’une dizaine de campagnes seulement durant laquelle nous avons amélioré nos connaissances dans le secteur. Nous avons aussi intégré le Start.LAB qui dépend de Solvay Entrepreneurs et désormais, nous travaillons tous les deux à temps plein sur ce projet.

Pendant cette période, avez-vous reçu de l’aide ?

B.K. : A Solvay, toute démarche entrepreneuriale est soutenue pour les professeurs.

T.A. : Nous avons aussi été pas mal poussés par le start.LAB, même si notre relation avec l’équipe a été un peu compliquée au début. Nous savions ce que nous voulions faire, pensions tout connaître et n’avions pas la même vision des choses que notre coach de l’époque qui connaissait le chemin à suivre. Et puis les choses se sont apaisées, nous nous sommes professionnalisés et toute l’équipe du Start.LAB nous prodigue des conseils, nous aide, nous donne accès à des formations. Une grande partie de la motivation vient aussi de l’espace de coworking qui nous permet de nous retrouver, de travailler quotidiennement ensemble plutôt que d’être isolés.

Quels sont vos projets ?

B.K. : Notre objectif est d’être partout en Belgique et puis rapidement, dans les trois ans, partout en Europe ! Il faut toujours viser grand, avoir de l’ambition, c’est important.

L’entreprenariat était-il un objectif au début de vos études ?

B.K. : Je ne m’étais jamais rêvé entrepreneur pas plus que spécialiste du marketing ou de la finance… Simplement, nous nous sommes rendus compte que c’était le moment de nous lancer. Je suis certain que dans un an ou deux, d’autres sociétés feront un peu la même chose que nous. L’opportunité s’est présentée et on a foncé.

T.A. : Depuis l’âge de 15 ans, je voulais travailler dans la finance, mythe de tout jeune qui veut faire du business ! Les cours de marketing, d’entrepreunariat dispensés à Solvay m’avaient intéressé sans pour autant que je me voie directement entrepreneur. Puis en 2016, j’ai fait un stage à Londres en banque d’investissement. Je n’ai pas du tout aimé. Lorsque le projet Be Influence est arrivé, j’ai pensé que j’allais pouvoir tester l’entrepreneuriat comme je l’avais fait pour la finance. Be Influence a décollé et j’y ai pris goût. Maintenant j’adore ça. J’espère que Be Influence va continuer et avoir encore beaucoup de succès. Et si ça s’arrête, je relance une boîte !

Et votre ressenti aujourd’hui que l’aventure est bien lancée ?

B.K>. : Etre entrepreneur, c’est à longueur de journée trouver des solutions aux 1001 problèmes inattendus qui n’arrêtent pas de se poser. Il faut être motivé, persévérant car tout est toujours plus compliqué que prévu. Voilà le défi.

T.A. : Il faut être amoureux de son produit. Au début, on ne gagne rien. Donc si on n’aime pas ce qu’on fait et qu’en plus on n’est pas payé, il vaut mieux arrêter ! Des complications, on en a eu, on a raté des campagnes avec des gros clients qu’il a fallu récupérer ensuite. Dans un secteur comme le nôtre où les choses évoluent constamment, il faut tout de temps se tenir au courant de ce qui se fait, rester en pointe. Il y a également les problèmes internes: comment répartir le travail, gérer les tâches ingrates mais indispensables… Cela peut provoquer une perte de motivation, des moments très durs. Il nous est même arrivé de nous demander si on continuait. La remise en question est permanente, mais il faut persévérer.

Un conseil pour ceux qui seraient tentés par l’aventure ?

T.A. : Se lancer ! Nous avons opté pour une sprl, mais en Belgique on peut créer une sprls pour 1 € ! Il ne faut vraiment pas beaucoup de capital pour commencer. Je reste persuadé que tout le monde peut initier son projet, qu’il ait de connaissance en commerce ou pas. 90% des choses apprises à la Solvay Business School ne nous ont pas été utiles pour le lancement de notre startup, même si évidemment la méthode de pensée acquise au fil de nos années à Solvay nous a beaucoup aidé !

B.K. : A moins d’être vraiment sûr de son projet, ne pas y aller seul, surtout si c’est une première. L’aventure entrepreneuriale est toujours très éprouvante. Mieux vaut donc avoir quelqu’un à ses côtés qui vous soutiendra en cas de baisse de motivation. Les structures d’aide sont nombreuses. Il ne faut pas hésiter à parler de son projet autour de soi en gardant l’esprit ouvert aux changements, aux feedbacks complémentaires, aux idées nouvelles. Il faut toujours considérer son projet comme étant en évolution.

Be Influence

Article rédigée par Catherine Aerts

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